Corps Membre Oeil
Oreille Bouche Pied
Main   Coeur
A Jamais    
Je l’ai rêvée, je l’ai rejouée cette saynète, que je me répète : je passe la porte
A jamais !
A jamais !
.A jamais !
 
J’ai attendu ce moment comme on attend une naissance avec angoisse et impatience,
la délivrance.
A jamais
A jamais.
 
J’ai serré les dents à m’enfoncer les racines dans la nuit de mes souvenirs à jamais ;
J’ai eu peur de moi,
Miroir sans teint,
devant les autres.
 
A jamais ! A jamais !
A jamais ! A jamais !
La famille en visite, avec son permis de pleurer, l’odeur âcre des parloirs avocats ;
A jamais te sentir,
   A jamais te revoir,
à jamais te revivre.
 
A jamais cantiner pour pouvoir continuer, à jamais bon de sortie pour pouvoir rentrer.
A jamais l’ombre des suicidés,
Qui plane dans les coursives
Des ateliers.
 
Levée d’écrou et érection du matin, à jamais j’ai retrouvé corps féminin.
j’aimais plus le bleu,
je retrouve le ciel,
sans rien autour.
 
A jamais ! A jamais !
A jamais ! A jamais !
Soudain j ‘ai peur à jamais libre abandonné pourtant fontaine je ne boirai,
plus de ton eau.
Mais “ à jamais ”.
A jamais te reboire.
 
Les prisons de la misère m’ont rendu chef de poisse à jamais ;
Ne pas reprendre les “ A tout de suite ! ”
Que j’entend en écho
De mon “ A jamais ! ”.
 
A jamais prisonniers des politiques sécuritaires qui envoient la justice pour donner
Des fessés quand
Les sondages sont,
à marée basse.
A jamais ! A jamais !
A jamais ! A jamais !
 
Du Mouvement Social  
Mais qu'est ce que c'est que tout ce foin
Qu'on nous fait sur les vertus
D'la concurrence dans tous les coins
Des gagnants et des vaincus
L'électricité c'est vital
On veut pas la confier
Au système libéral
A la main des marchés
Qui remplira 10 poches
Et mettra de côté
Tous les pauvres tous les moches
Dans l’obscurité
 
Du Mouvement
Du Mouvement

Ah non il faudra repasser
On peut pas tous vous soigner
Les budgets sont limités
Vous n’êtes pas une priorité
La sécurité sociale
Doit devenir rentable
Faut faire des efforts
Même si il y a des morts
Plus d’fric pour la santé
Ils donnent tout aux poulets
Mais si ils chopent la grippe
Ca va être la panique<
Quand tous les profs s'ront vacataires
Qui voudra enseigner Voltaire ?
Les facultés en concurrence
Ca va nous mettre Harvard en France
Allez Paris VI la bonne soupe
Et tous à l'arrière de Dauphine
Assas c'est sûr si tu te loupes
T'as plus qu'à r'descendre dans la mine
Sur le fronton d'la Communale
Cogne le burin libéral
Y'a bientôt plus qu'sur la monnaie
Qu'on pourra lire "Egalité"

Du Mouvement
Du Mouvement Social

Et gare à vous, tous les petits
La justice va passer par là
Garde à vue ça fait pas un pli
Plaidez coupables vous faites pas l'poids
La loi Perben envoie l'baudet
Surcharger les zonzons
Et Lafontaine 3 siècles après
Il a toujours raison
Selon que vous serez
Puissant ou misérable
Les jugements de cour
Vous rendront blanc ou noir
Palestine
Nous avons vu l’occupation
Les blindés les hommes en faction
La souffrance d’un peuple étouffé
La vie quotidienne asphyxiée

Nous avons vu la désolation
Les ruines les enfants en haillons
Dans des villages encerclés
Par des colonies bien armées

C’était en janvier 2002
Ecrivent l’Histoire sous nos yeux

De Naplouse à Ramallah
De Nazareth à Gaza

Nous avons vu l‘aberration
De la logique de répression
Qui distribue la violence
Sur chaque maison sur chaque enfance

Et fait lever des vocations
D’assassins de la libération
Héros de la désespérance
Quoi qu’on en pense quoi qu’on en pense

Nous avons vu l’humiliation
Que permettent la force et les armes
Retenues contenues les larmes
Ne pas penser qu’elles se paieront

Combien encore de générations
Sacrifiées au prix de la guerre
Collective mutilation
De leurs pères et de leurs terres

Depuis le sang depuis le feu
C’est insensé mais ça a lieu

De Bethleem à Jenine
On pense à toi Palestine

Et nous on est là comme des cons
A faire des manifestations
A lire Le Monde Libération
A attendre les nouvelles du front

Et nous on est là comme des cons
Trop conscients que cette chanson
Est une bien maigre contribution
A l’Intifada connection

La famille  
Et ta mère De Toulouse
Et ton père Paris 12

Et ta mère De Marseille
Et ton père Dur d’oreille
Et ta sœur Aux casseroles
Et ton beau frère Rock’n roll

Et ta mère Nouvelle vague
Et ta Mère Nouvelle vague
Et ton père Roller blaire
Et ton père Roller blaire
Et ta sœur Au chômage
Et ta sœur Au chômage
Et ton beau frère LCR
Et ton beau frère LCR

Oh ! la familia
Oh ! la familia

Et ta mère C’est ta soeur
Et ton père Collectionneur

Et ta mère Je l’aime fort
Et ton père Je l’aime fort
Et ta sœur Elle bat le beurre
Et ton beau frère Il est rappeur

Et ta mère Paroissienne
Et ta Mère Paroissienne
Et ton père Double peine
Et ton père Double peine
Et ta sœur Bourgeois bohème
Et ta sœur Bourgeois bohème
Et ton beau frère Fort en thème
Et ton beau frère Fort en thème

Et ta mère De Barbès
Et ton père Des Abbesses

Et ta mère Bossa Nova
Et ton père Cosa Nostra
Et ta sœur Manouche
Et ton beau frère Juge de touche

Oh ! la familia
… la famille

Et ta mère Zapatiste
Et ta Mère Zapatiste
Et ton père Palestinien
Et ton père Palestinien
Et ta sœur Mal logé
Et ta sœur Mal logé
Et ton beau frère Kabyle
Et ton beau frère Kabyle

Les rats
Douze millions, sous les pavés,
Douze millions de rats embusqués
Commencent à organiser,
Dans les égouts une armée

Attention les voilà,
Les rats...

Depuis le temps, qu’insouciants,
On leur marche sur la tête,
Ils ont eu tout leur temps
Pour préparer la tempête

Attention les voilà,
Les rats...

C’est pendant un enterrement
Qu’ils ont ouvert sciemment
Les bouches d’accès aux égouts
Dans le Paris ventre-mou

Attention les voilà,
Les rats...

C’est à Bourse, au pas de course
Qu’ils se sont tous rassemblés,
Et qu’ils ont proclamé
Que la Bourse était fermée

Ah! enfin les voilà,
Les rats...

On se parle pas
Je marche tête baissée je vois les dessins du bitume
C’est pas la porte à côté la place où tout s’allume
Entouré de semblables pareillement hagards
Occupés à progresser chacun dans son couloir


Et on en est là
Figés dans la gangue
On se parle pas
Pompéïsés de la langue


Je poursuis ton ombre au soleil d’hier je te connaissais
Des ruelles sombres dans le matin clair tracent des secrets
Autant autant de fêlures où insinue la distance
La proximité s’est évaporée en silence

Et on en est là
Figés dans la gangue
On se parle pas
Pompéïsés de la langue

Pour sortir de la maison de solitude essentielle
De l’humaine condition voir un peu le ciel
La parole les phrases les mots sont nos ailes
On n’a pas 36 façons de se faire la belle


Et on en est là
Figés dans la gangue
On se parle pas
Pompéïsés de la langue

Nos vies
Elle a dit
Je serai juste là jour et nuit
Elle a dit
Compte compte les étoiles de nos vies
Quand c’est trop lisse ça cache
Quand c’est trop lisse ça cache
Des plis

Elle a ri
Et les yeux perçant dans un cri
Ont dit oui
On veut croire à la fleur au fusil
On s’intéressera plus tard
On s’intéressera plus tard
Au prix

C’est parti
Faiblesses alliées mains unies
C’est parti
Solitudes trompées tel est pris
Qui croyait prendre tous
Qui croyait prendre tous
Les paris

J’ai menti
Mais je m’en tiens à ce que j’ai dit
J’ai menti
J’ai menti et peut-être elle aussi
Fidèlement songe à l’espoir
Fidèle mensonge à l’espoir
De nos vies

Elle a dit
Je serai juste là jour et nuit
Elle a dit
Compte compte les étoiles de nos vies
Quand c’est trop lisse ça cache
Quand c’est trop lisse ça cache
Des plis

Meudon

Hier en forêt de Meudon
J'ai cru cueillir des champignons
Et même si tous les médecins
M'assurent que ce n'est pas vrai

Moi je m'souviens très bien
C'que j'ai fait après-d'main
Faudrait pas croire que je suis folle
J'ai juste égaré ma boussole

Il paraît qu'ça fait trente ans
Que je suis entre leurs murs blancs
Alors qu'en fait hier au soir
Je m'baignais derrière le lavoir

Et toi mon mari mon Albert
Dans la belle maison à Vierzon
Et toi où es-tu donc mon frère
Des éclats d'obus dans l'caisson

Ils me disent que pendant la guerre
Vous êtes partis à l'unisson
Moi je sais bien qu'encore hier
Je vous ai vus dans le salon

Les gens qui entrent dans ma chambre
Mon Dieu qu'ils ressemblent à des choses
On dirait qu'au mois de septembre
Toutes les fleurs se décomposent

Et l'infirmière qui parle de moi
En disant ça
Elle ne sait pas qu'avant la guerre
On m'disait toi

Je sens bien que ça les ennuie
De venir me voir le samedi
Ces gens qui m'appellent maman
Et qui me parlent en chuchotant

Mais je n'leur en veux même pas
Comment pourraient-ils deviner
Que dès que s'éloignent leurs pas
Je jette leurs boîtes de pralinés

Hier en forêt de Meudon
J'ai cru cueillir des champignons
Et même si tous les médecins
M'assurent que ce n'est pas vrai...

Caviar
Moi j’vous jure que mon programme
C’est une autre paire de manches
Et qu’avec ça Madame,
On va sauver la France

D’abord on arrête tout
On dit qu’il n’y a plus de sous
Pour ceux qui n’ont pas de chance
Y’ a qu’à quitter la France

On restera entre riches
Ce sera un beau pays
Décoré de potiches
Mais enfin anobli

Et on jouera au bridge
Le soir sur la terrasse
En évoquant Cambridge
Et nos souvenirs de classe

Et tous les petits cafés
Disparaîtront enfin
Pour être remplacés
Par des boutiques bien

Tout autour de la ville
On mettra une muraille
Des fois que dans la nuit
Veuille revenir la piétaille

On baisera dans le caviar
En comptant nos dollars
Et on en sortira
La bite sur un brancard

Alors vous voyez bien
Qu’il faut voter pour moi
Si vous voulez demain
Partouzer dans le foie gras

Lettres secrètes
C’est l’été et je rêve; je rêve de cette femme
Elle est belle, elle est belle, éternellement belle,
Et renverse le temps de ses gestes de fée,
De ses gestes légers lentement répétés

Elle berce ce rêve et elle en est le centre
Elle sème, elle épelle des lettres secrètes
Et de ses lèvres sveltes me révèle des vers
Des perles égrenées tellement éphémères

Et perplexe et fervent, je cherche les clefs
Et je scelle le serment de percer le secret
Elle précède, elle engendre, elle est l'essence même
Elle est le sel des mers et le verbe des textes
Telle l'Eve d'Eden, de l'espèce elle est sève,
Elle est germe des germes, genèse des genèses

Elle est de vent, d'éther, et je me sens peser
Elle s'élève, s'élève et je reste de terre
Déesse, permettez, descendez et restez
Venez me répéter les célestes versets

Ensemble s'entremêlent le thème et ses reflets
Mes repères me mentent et mes sens me gênent
Le temps même se dérègle et semble déserter
Et le présent se perd, gelé et éternel

Le cercle se referme, le temps reprend les rênes
Le réel me cerne, j'émerge lentement,
Hébété je me lève et tente de chercher
Des restes de ce rêve, même de ternes reflets

Septembre se présente et je me sens trembler
Je rentre en mes pensées elles m'emmènent et me perdent
Et désespérément les fenêtres fermées
Je tente d'empêcher le terme de l'été

Septembre se présente et je me sens trembler
Je rentre en mes pensées elles m'emmènent
[ et me perdent
Et désespérément les fenêtres fermées
Je tente d'empêcher le terme de l'été

Reste reste c'est L (ici et maintenant)
Tu peux bien te bercer de l’illusion qu’ailleurs
Le soleil est plus chaud les auspices meilleurs
Tu peux bien te cacher la laideur la misère
Et passer ton chemin sans regarder derrière
Allez protège-toi et reste dans ta sphère
Nourris-toi nourris-toi d’un monde imaginaire
Laisse tes frères de cœur poursuivre le combat
Et puis regarde-toi dis-moi ce que tu vois

Tends l’oreille à ce chant têtu et lancinant
Il te dit c’est ici, ici et maintenant
Ne cherche pas le lieu n’attends pas le moment
Il n’y a pas d’endroit il n’y a pas de temps
Ton espace c’est là ton temps c’est le présent
Ta liberté se joue ici et maintenant

Et souviens-toi encore et souviens toi toujours
Tu as vingt ans peut-être et c’est rue du Faubourg
Il y a une petite fille et ses yeux grands ouverts
Qui observe le monde le monde et ses affaires
Elle se tient immobile elle est là tous les jours
En silence elle demande mais après quoi tu cours ?
Un matin tu l’entends et c’est comme un tonnerre
Reste reste c’est elle c’est elle qui connaît l’air

Quedate quedate es ella (aquí y ahora)
Puedes adormecerté con illúsion de que en otra parte
Se encuentran mas caliente el sol y mejores los auspicios
Puedes ocultarte la fealdad y las miserias
Y seguir, y seguir andando sin mirar por detrás
Vai protege te y quedate dentro de tu esfera
Criáte, criáte de un mundo imaginario
Dejálo a tus hermanos de corazón para que persiguan el combate
Y mirate : di me lo que ves
Fijate en este canto terco y lancinante
Te dice que sucede aquí, aquí, aquí y ahora
No busques el vinculo, no esperes el momento
No hay ni un lugar, ya no queda tiempo
Tu espacio esta aquí, tu tiempo es el presente
Tu libertad se juega aquí y ahora

Y acuerdate de nuevo y acuerdate siempre
Quizas tienes veinte años y en la calle del “ faubourg ”
Hay una niñita con los ojos gran abiertos
Que observa el mundo, el mundo y su agitacíon
Se queda inmovil, aquí todos los dias
En silencio pide : pero adonde vas tan apurado ?
De repente, una mañana la entiendes y estalla como un trueno
Quedate, quedate es ella, es ella quien conoce el canto